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Vers le développement durable – ODD 2 : L’agroécologie pour lutter contre la faim

  1. Créé par Bruno NICOSTRATE
  2. Le 01/10/2020
  3. Dans ODD
A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 2 : Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable.

Selon le dernier rapport de l’agence des Nations-Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) sur « L’Etat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde »[1], paru cette année, la faim et la malnutrition sont en augmentation depuis cinq ans, alors que la tendance était à la baisse depuis le début des années 2000. Lors de l’adoption des Objectifs de Développement Durables (ODD) en 2015, les gouvernements du monde entier s’étaient engagés à éradiquer la faim pour 2030. Aujourd’hui 690 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et 2 milliards souffrent de malnutrition. La pandémie de Covid-19 pourrait également, selon certaines estimations, accroître le nombre d’individus souffrant de la faim jusqu’à 132 millions.  

Ce deuxième ODD ne prévoit pas seulement l’éradication de la faim mais aussi celle de l’insécurité alimentaire. Cette dernière se caractérise de plus en plus par de la dénutrition, des carences en micronutriments, du surpoids et de l’obésité. Les raisons sont multiples, la principale étant le manque d’accès à une alimentation suffisamment diversifiée et de qualité. Ceci est dû à la spécialisation des cultures agricoles des économies nationales, aux diverses pollutions, à l’agro-industrie amenuisant la qualité des aliments produits et à l’effondrement de la biodiversité. Enfin l’augmentation des inégalités socio-économiques, la perte des savoirs et pratiques agricoles anciennes, l’exode rural et l’absence de soutien des pouvoirs publics sont également des facteurs de dérèglement du système alimentaire.

L’augmentation des inégalités socio-économiques, la perte des savoirs et pratiques agricoles anciennes, l’exode rural et l’absence de soutien des pouvoirs publics sont des facteurs de dérèglement du système alimentaire.

Prenons l’exemple du Pérou. Ce pays, depuis peu considéré comme ayant une économie émergente, fait en réalité face à une augmentation du nombre de personnes qui ont des difficultés à s’alimenter quotidiennement. Aujourd’hui, près de 7% de la population est sous-alimentée. Un taux qui avait pourtant été divisé par deux en vingt ans. Les phénomènes de malnutrition sont également préoccupants avec entre autres 19% de la population qui présentent des problèmes d’obésité et 12% des enfants de moins de trois ans qui souffrent d’anémie.

Afin d’enrayer cette dynamique et de mettre fin à l’insécurité alimentaire, trois Organisations de la société civile (OSC), SOS Faim, Iles de Paix et Autre Terre, qui travaillent au Pérou depuis plusieurs années, ont décidé en 2017 de joindre leurs efforts, expertises et ressources. Ces trois OSC sont actives dans trois zones particulièrement affectées, les régions de Huanuco, de Cusco et de Ayacucho. Elles travaillent avec des partenaires locaux (des coopératives, des organisations de producteurs·trices ou des ONG locales) tels que Diaconia, Arariwa et Frutos del Ande.  Ensemble, ils organisent des actions et des formations sur les quatre piliers de la sécurité alimentaire afin d’améliorer les filières productives (depuis les cultures jusqu’à la vente en passant par la collecte, le stockage et la transformation) et les revenus des familles paysannes (pour un meilleur accès à l’alimentation), de stabiliser les approvisionnements et de diversifier la consommation alimentaire. 

C’est ainsi que dans la région de Huánuco, l'OSC Belge Iles de Paix et les ONG Péruviennes DIACONIA et IDMA soutiennent les familles de producteurs·trices de la commune d'Umari dans un processus de transition agroécologique. Ce processus a amené ces familles à abandonner la monoculture de la pomme de terre pour diversifier leur production de céréales et de légumes. La fertilité des sols est désormais gérée sur base de fertilisants naturels (composts, bios, micro-organismes) et la lutte contre les attaques des plantes s'opère avec des bio-pesticides (préparations naturelles à base de plantes telles que le piment et le tabac). Grâce à la diversification de leur production et la diminution de leur dépendance aux intrants chimiques, les familles soutenues par le programme sont aujourd'hui beaucoup plus résilientes. On constate une amélioration notable de l'alimentation et de la santé des enfants. Par ailleurs, la communauté s'est organisée autour de la coopérative AGRECU qui au travers d'un accord avec la commune livre ses produits aux cantines scolaires d'Umari et commercialise une partie de la production sur le marché de la ville de Huánuco. Cela génère pour l'ensemble des membres des revenus complémentaires ce qui renforce d'avantage leur sécurité alimentaire.

Plus d’infos : https://www.ilesdepaix.org/les-projets/zone-daction/perou/

Grâce à la diversification de leur production et la diminution de leur dépendance aux intrants chimiques, les familles soutenues par le programme sont aujourd'hui beaucoup plus résilientes.

Dans la région de Cusco, l’OSC Belge SOS Faim soutient l’ONG Péruvienne ARARIWA dans la création d’une instance interinstitutionnelle, regroupant les gouvernements locaux, les organisations de producteurs·trices et d’autres organisations de la société civile et les coopératives de producteurs·trices afin de planifier et prioriser les actions à mener en matière de sécurité alimentaire et développement rural, et mettre en place des politiques publiques locales favorables. Des initiatives avec une approche agroécologique se sont ainsi développées telles que des potagers biologiques, de l’élevage de petits animaux, des systèmes de collecte d’eau, etc. bénéficiant particulièrement aux femmes. Des dynamiques commerciales comme les marchés communautaires, marchés mobiles, ventes sur commande ou encore la réactivation de pratiques ancestrales comme le troc facilitent également l’accès à ces produits par les populations locales tout en permettant aux familles de producteurs d’améliorer leurs revenus. Ces actions bénéficient aujourd’hui à environ 1200 familles. Parallèlement, ARARIWA dispose d’une radio communautaire qui diffuse des messages pour informer et sensibiliser les populations locales sur la situation sanitaire, la préparation de la prochaine campagne agricole ou encore sur le fonds national de relance de l’agriculture familiale récemment promulgué par l’Etat en réponse à la crise du COVID.

Plus d’infos : https://www.sosfaim.be/country/perou/

Du côté d’Ayacucho, région montagneuse aux terrains fort pauvres, les eaux sont régulièrement polluées et les cultures perturbées par les changements climatiques. Cela crée une irrégularité de production et un stress alimentaire. L’OSC Belge Autre Terre et la coopérative locale Frutos del Ande travaillent avec 465 familles paysannes afin d’augmenter les productions de manière écologique ainsi que les accompagner dans la transformation et la vente de leurs produits. Un système participatif de garantie a également été créé pour certifier collectivement les cultures avec un label bio. Aujourd’hui la coopérative compte plusieurs filières de productions au sein desquelles elle représente et accompagne les petits producteurs·trices.

Plus d’infos : https://www.autreterre.org/projet/cultures-de-rentes-selon-principes-agroecologiques/

Sonia (photo ci-dessus avec sa fille), présidente du comité de producteurs·trices de la communauté de Pamparque (membre de la coopérative Frutos del Ande) , témoigne des effets positifs de cette coopération :

« Je vois beaucoup d’amélioration ici dans notre village tant pour nous que pour nos enfants. Cela nous permet de répondre aux besoins de la maison. On peut acheter de nouveaux vêtements et des livres pour nos enfants. On est aussi en train de s’ouvrir à l’élevage. J’ai monté des clapiers pour pouvoir y faire de l’élevage de petits animaux. Nous en vendons et nous pouvons également en consommer.

Les enfants, maintenant, sont de plus en plus éduqués. Avant, après l’école, ils arrêtaient d’étudier. Mais maintenant, on est en train de réfléchir à leur faire faire des études supérieures, par exemple à l’université.

Ce projet est vraiment quelque chose de bien pour nous, notre village, nos parcelles de cultures, etc. Les améliorations qui ont été faites sont en train de donner des résultats. Nous avons de plus en plus de possibilités. »

La transition vers des modes de productions agroécologiques et les actions menées en parallèle pour valoriser et pérenniser ces systèmes alimentaires durables permettent aux familles d’améliorer leur sécurité alimentaire et de renforcer ainsi leur résilience face aux crises. L’alimentation est un besoin primaire, c’est-à-dire vital pour le bon développement physique, psychique et intellectuel de chacun et chacune. Combattre la faim est primordial pour casser la spirale de la pauvreté.

 

[1] http://www.fao.org/3/ca9692en/CA9692EN.pdf

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