L'Institut Belge du Numérique Responsable ASBLvous invite à signer la Charte Numérique Responsable : Cérémonie de signature le 22 avril.
La Charte du Numérique Responsablevise à renforcer l'engagement des organisations envers un numérique plus respectueux de l'environnement, plus éthique et plus inclusif.
Déjà signée par 109 organisations françaises (https://charte.institutnr.org/les-signataires-de-la-charte-nr/), la charte Numérique Responsable s'ouvre aux organisations belges et internationales. En Belgique, elle est portée par l'Institut Belge du Numérique Responsable ASBL. Cette charte est ouverte aussi bien à ses membres qu'aux non-membres. C'est une démarche gratuite et sans aucune obligation d'adhésion à l'ASBL.
L'Institut du Numérique responsable vous invite à vous inscrire (ici http://bit.ly/CharteNR) pour
Un webinaire d'information le mardi 23 mars à 14h (ou pour recevoir le lien vers le replay);
Et/ou pour signer la Charte avec plusieurs de ses membres le 22 avril.
A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 15 : Vie terrestre.
Aujourd’hui l’humanité fait face à deux grandes menaces pour son existence : le changement climatique et la sixième extinction de masse. Les activités humaines sont les principales raisons de ces changements, de par le rejet de gaz à effet de serre pour le climat, l’urbanisation et la démographie croissante, les diverses pollutions et l’utilisation intensive de ressources naturelles. Ainsi, depuis plusieurs années les écosystèmes naturels diminuent et s’appauvrissent ce qui engendre de nombreux problèmes socio-économiques pour chacun et chacune de nous.
Au Sénégal, le changement climatique est une menace réelle dont les impacts négatifs se font ressentir au quotidien. La pluviométrie a baissé d’environ 300mm en 30 ans, et les pluies sont de plus en plus intenses et de courte durée, entraînant des dommages pour les cultures et une mauvaise irrigation naturelle. La montée du niveau de la mer érode les côtes, endommage les marais marins que sont les mangroves et salinise les nappes phréatiques et les deltas. La température moyenne annuelle a augmenté de 1,7°C en 30 ans et la désertification avance, réduisant ainsi les terres arables et les zones de pâturages.
Au Sénégal, le changement climatique est une menace réelle dont les impacts négatifs se font ressentir au quotidien
A ces défis climatiques et environnementaux, s’ajoutent les problèmes de corruption, de braconnage et d’exploitation intensive des ressources naturelles. Les écosystèmes et les forêts sont devenus particulièrement vulnérables et n’ont plus les conditions nécessaires pour se régénérer naturellement chaque année. Les populations locales sont souvent trop pauvres pour utiliser des énergies transformées et doivent utiliser le bois qu’elles trouvent autour de leurs habitations pour cuisiner. Ces divers facteurs expliquent le phénomène de déforestation, accentuant de fait la dégradation des sols et la raréfaction des ressources alimentaires.
Ces phénomènes sont particulièrement visibles dans la Réserve de Biosphère du delta du Sine-Saloum à l’ouest du Sénégal, proche de la frontière avec la Gambie. Sine et Saloum étant d’anciennes vallées inondées par la mer, les courants marins pénètrent dans le delta, salinisant considérablement les eaux. Dans ces conditions de salinité, seuls les arbres de mangroves (palétuviers notamment) sont adaptés pour vivre aux abords immédiats du delta. Dans cette zone, 80% des ménages utilisent le bois et le charbon comme principale source d’énergie. La pauvreté et la corruption alimentent la surexploitation des ressources, entraînant une plus grande déforestation, malgré que cette zone soit protégée. Les causes de cette déforestation ainsi que ses solutions sont donc systémiques.
Lutter contre la déforestation et les changements climatiques au Sénégal
Avec le soutien financier de l’Agence Wallonne pour l’Air et le Climat (AWAC), depuis plusieurs années, un partenariat lie ULB-Coopération et l’ONG sénégalaise Nébeday pour lutter contre la déforestation et promouvoir une gestion durable des forêts humides (mangroves) et sèches de cette région. « Dans ce contexte de pauvreté, de sécheresse et de déboisement, notre objectif est de contribuer à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques par la lutte contre la déforestation. Il s’agit de reboiser en exploitant de manière rationnelle, optimale et durable la biomasse des forêts au bénéfice des populations limitrophes » explique Thierry De Coster, chargé de ce projet pour ULB-Coopération. Ce projet de reforestation s’inscrit également dans le cadre des initatives d'échange de savoirs d’Uni4Coop pour préserver les zones de mangroves.
Afin de restaurer et de renforcer la résilience de cet écosystème, le projet vise à reboiser durablement des forêts continentales et des mangroves, à diminuer la pression anthropique sur les ressources ligneuses, et à consolider les capacités techniques et institutionnelles en matière d’environnement en impliquant les populations et autorités publiques locales. « Dans un premier temps, des inventaires de l’ensemble des ressources forestières ont été réalisés, suivi de Plans d’Aménagement et de Gestion (PAG) afin de déterminer les quantités de produits forestiers ligneux et non-ligneux à exploiter sans surexploiter », décrit Thierry De Coster. « La forêt est ainsi partitionnée en zones d’exploitation. Ces zones sont exploitées en alternance, permettant ainsi de laisser au repos une partie de la forêt, le temps d’une régénérescence, afin d’éviter de mettre en danger la viabilité et la pérennité de l’ensemble. »
L’accroissement de la résilience des écosystèmes a déjà permis de protéger les conditions de vie et d’habitat de la faune et de la flore, renforçant ainsi la biodiversité
Dans le but de prévenir une utilisation non-durable de bois de chauffe, ces deux organisations ont mis en place un système de production et de vente de charbon de paille comme alternative au charbon de bois et à un prix abordable. Elles développent des fours à haut rendement diminuant ainsi le besoin en matériaux combustibles. Un projet de foyers professionnels est également en développement pour permettre la fumaison des poissons afin d’accroître leur conservation en diminuant les quantités de bois et en même temps les quantités de gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère.
Ces divers projets ne pourraient pas aboutir et avoir de quelconques effets positifs sur les écosystèmes locaux sans l’adhésion des populations locales. « Pour cela, nous mettons en place des comités villageois et inter-villageois, favorisant ainsi l’appropriation des nouveaux modes de gestion d’exploitation forestière. Nebeday forme les éco-gardes dans les différents aspects de leur travail : gestion, planification participative, législation spécifique, techniques de coupe, collecte des données, équipements, etc. », rapporte Thierry De Coster. Les partenaires mettent aussi en place des actions de reboisement, organisent un système de surveillance et de lutte contre les feux de brousse, et se chargent de poser des panneaux signalétiques et de baliser les blocs et les parcelles.
Ce programme de reboisement et de restauration d’écosystème communautaire permet non seulement de lutter contre le changement climatique mais aussi de s’y adapter, de prévenir les risques et dommages liés aux conditions climatiques plus extrêmes et instables. L’implication des communautés et des autorités locales a eu comme bénéfice direct de préserver certaines sources de revenus tout en diminuant le besoin en ressources naturelles. De ce fait, l’accroissement de la résilience des écosystèmes a déjà permis de protéger les conditions de vie et d’habitat de la faune et de la flore, renforçant ainsi la biodiversité, tout en couvrant les besoins des habitant·e·s.
La résilience des écosystèmes, une priorité de la coopération internationale belge
Au Sénégal, en Belgique et partout ailleurs la protection et la restauration des écosystèmes comme moyen de préserver des conditions de vie optimales et comme moyen de lutter contre le changement climatique en stockant le CO2 excédentaire dans l’atmosphère convainc de plus en plus. C’est devenu une priorité du gouvernement belge dans sa politique de coopération internationale au développement qui souhaite accroître ces projets dans sa prochaine période de programmation débutant en 2022.
Pour cela, quatre organisations belges, BOS+, CEBioS, Join For Water et WWF Belgique, rejoints par Via Don Bosco et Uni4Coop ont rédigé un Cadre stratégique commun (CSC) qui couvrira leurs futurs programmes pour la période 2022-2026. L'axe principal est la résilience des systèmes socio-écologiques et l'utilisation durable des services écosystémiques qui contribueront à améliorer le bien-être des communautés locales. Comme le montre le schéma ci-dessous du Stockholm Resilience Centre, une biosphère saine est une condition préalable à un développement social et économique durable.
« Les humains font partie intégrante des écosystèmes naturels, c'est pourquoi ces derniers doivent être conçus comme un seul système socio-écologique. Il est vital de maintenir l'intégrité de la biosphère à des niveaux acceptables afin de préserver le système terrestre dans un espace opérationnel sûr pour l'humanité » explique Nima Raghunathan du WWF Belgique. Elle ajoute que « face aux défis climatiques et environnementaux actuels et à venir, il est primordial à la fois de réduire au maximum nos impacts sur les écosystèmes et de les rendre les plus résilients possibles pour qu'ils puissent s'adapter et résister à ces nouvelles conditions, et pour qu’ils continuent de fournir leurs services vitaux entre autres à nous, humains ».
Ce CSC permettra ainsi à plusieurs OSC de collaborer plus activement ensemble et avec d'autres acteurs du développement et les populations locales pour mieux sensibiliser, pour changer les pratiques et politiques existantes, pour mener davantage de recherche et de développement de solutions. Cela afin d'accroître la complémentarité de leurs actions et le renforcement mutuel de leurs capacités. C’est un changement de paradigme indispensable à poursuivre pour rendre le développement réellement durable.
A l'occasion du 8 mars, quelques rappels sur les outils genre proposés par ACODEV ainsi que quelques activités proposées par nos membres.
Le genre est l’une des thématiques transversales de la coopération au développement, l’égalité entre hommes et femmes ainsi que la lutte contre les discriminations fondées sur le genre font partie des valeurs de base du mouvement des organisations de la société civile (OSC) et Acteurs institutionnels (AI). L’égalité entre les sexes est aussi le cinquième des 17 Objectifs de développement durable.
En vue du 8 mars prochain, Journée internationale des droits des femmes, nous voudrions rappeler des outils qui peuvent favoriser cette intégration dans notre secteur :
La Charte Genre qui se veut un instrument de développement d’une culture qui favorise l’égalité de genre dans le secteur des OSC
Le Guide de bonnes pratiques genre qui tire parti de la richesse des expériences du secteur dans les domaines de la communication, de la mobilisation, du plaidoyer, et de l’éducation
Plus d’outils sont disponibles dans le Portail Qualité, dans la thématique "Genre et diversité."
Table ronde "Destroy the Patriarchy, not the Planet : A Talk about Climate and Feminism"
Le Monde selon les Femmes, BOZAR et Oxfam Belgique réuniront quelques femmes émancipées pour célébrer la Journée internationale des droits des femmes avec un débat sur le climat consacré à l’écoféminisme, qui abordera les points communs entre l’oppression de la nature et l’oppression des femmes. La table ronde "Destroy the Patriarchy, not the Planet : A Talk about Climate and Feminism" réuniraLaurie Charles (artiste), Margot Lauwers (chercheuse), Jehanne Bergé (journaliste) et Agnès Bertrand-Sanz (Le Monde Selon les Femmes). Elles seront rejointes virtuellement par Gabriela Franco Prieto (militante, fondatrice du projet numérique @la.totuma sur Instagram) et Valiana Aguilar Hernandez (la Tierra de Oaxaca). Rendez-vous le 8 mars à 19h sur Zoom,
Action du K'Fem pour visibiliser les femmes dans l'espace public
Le K’Fem du Monde selon les Femmes propose une action militante le 8 mars, en collaboration avec Vie Féminine et la collective Noms Peut-Être. Tout au long d'un parcours dans Bruxelles, vous pourrez apporter votre soutien à plusieurs sit-ins (dont ceux de Fernand Coq et de la Place de la Monnaie) et dénoncer l’invisibilisation des femmes dans l’espace public en collant des affiches mettait en valeur l’histoire de 28 femmes.
Quinoa rejoint la grève féministe et encourage à participer à la grève de la consommation
Quinoa rejoint la grève féministe du 8 mars appelée par le Collecti‧e‧f 8 maars dans toute la Belgique et propose :
De rejoindre le rassemblement du secteur non marchand à 15h à l’esplanade de l’Europe le 8 mars.
De faire la grève de la consommation.
De participer à la campagne #onnousprendpourdesquiches. Elle consiste à se prendre en photo dans un magasin ou devant une publicité avec un produit sexiste. Les photos sont à envoyer via le Facebook ou l'Instagram de Quinoa et seront publiées sur le site et les réseaux sociaux de l'organisation.
A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 14 : Vie aquatique.
Nous vivons sur une « planète bleue ». Les océans couvrent plus de 70% de la surface de la terre et sont à la base des phénomènes qui rendent notre planète habitable pour l’humanité : eau de pluie, climat, une grande partie de nos aliments et même l’oxygène de l’air que nous respirons, tous sont fournis et régulés par les océans. Ils ont aussi une importance capitale dans l’économie mondiale, pour des secteurs comme la pêche, le tourisme ou le transport de marchandises.
La gestion prudente de cette ressource vitale mondiale est un élément clé pour un avenir durable. C’est pourquoi l’Agenda 2030 des Nations Unies lui consacre l’ODD 14 : « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable. »
Car malgré leur importance, les océans font face à des menaces sans précédent résultant de l’activité humaine. Chaque année, on estime que 8 millions de déchets plastiques polluent les océans ; environ 80% des eaux usées y sont déversées sans traitement ; la pêche industrielle menace les populations de poissons ; et les changements climatiques ont des conséquences désastreuses sur les écosystèmes marins et côtiers (https://www.unenvironment.org).
« Les zones de mangroves ont aussi une importance particulière dans la lutte contre le changement climatique, notamment en stockant 2 à 4 fois plus de CO2 que les forêts tropicales »
Parmi ces écosystèmes côtiers, les mangroves sont particulièrement en danger. L’existence de ces forêts littorales repose en effet sur un équilibre naturel fragile. En même temps, elles sont capitales pour la biodiversité et le maintien des ressources halieutiques, dont dépendent des milliers de familles de pêcheurs. Les mangroves constituent en effet de véritables nurseries de poissons, les alevins trouvant refuge dans les racines des palétuviers. « Les zones de mangroves ont aussi une importance particulière dans la lutte contre le changement climatique, notamment en stockant 2 à 4 fois plus de CO2 que les forêts tropicales », souligne Pierre Collière, référent agroécologie et gestion des ressources naturelles chez Eclosio.
Porté par Eclosio, Louvain Coopération, ULB-Coopération et la Fucid, réunis au sein de Uni4Coop, le consortium des OSC universitaires belges francophones, le projet « Expertise universitaire – mangroves » vise à capitaliser et diffuser des connaissances et expériences pratiques sur la gestion durable des ressources naturelles, pour favoriser la préservation des zones de mangroves. « Cette expertise est co-construite à travers la rencontre et le dialogue entre différents savoirs : académiques, société civile et population locale », explique Pierre. Une dimension multi-acteurs et multidisciplinaire qui était la clé de voûte de l’approche d’Uni4Coop.
Pour ce projet, Uni4Coop collabore étroitement avec trois collectifs partenaires : le collectif « 5 deltas » en Mauritanie, Gambie, Guinée Bissau et au Sénégal ; le collectif « golfe du Bénin » au Togo, Bénin, Ghana, Nigéria et en Côte d’Ivoire ; et le réseau MIHARI à Madagascar. L’une des premières étapes du projet a d’ailleurs consisté en l’organisation de voyages d’étude à Madagascar, au Togo et au Bénin. « Ces voyages ont permis aux acteurs de terrain, membres des trois collectifs, de montrer leur réalité et de découvrir celle des autres, tout en partageant des expériences de gestion durable des mangroves ».
« On voit que partout, les enjeux et les menaces sont similaires : dynamique d’urbanisation des côtes, pour des raisons économiques mais aussi liées au changement climatique ; déforestation ; exploitation sablière qui perturbe les marées ; activités minières et pétrolières qui polluent les eaux ; assèchement des fleuves qui provoque une salinisation plus forte des deltas ; ou activités de pêche qui menacent les populations de poisson », détaille Pierre Collière. Du Sénégal à Madagascar, les enjeux économiques et autres projets industriels rentrent en conflit avec la préservation de ces espaces naturels et les besoins des populations locales (alimentation, revenus, médicaments, culture...), qui se voient considérablement impactés par le rétrécissement des zones de mangroves.
Le projet vise à faire dialoguer des savoirs et échanger des bonnes pratiques pour accroître la capacité des habitant·e·s à gérer collectivement leurs ressources naturelles.
Face à ces enjeux multiples, des savoirs et solutions multiples existent pour protéger, valoriser et restaurer les mangroves. Les actions menées dans le cadre du projet d’Uni4Coop visent précisément à faire dialoguer ces savoirs et échanger des bonnes pratiques pour accroître la capacité des habitant·e·s à gérer collectivement leurs ressources naturelles. « Souvent, l’expertise et les outils existent déjà, mais sont dans les mains d’universitaires ou d’acteurs d’une région spécifique. Il s’agissait donc que ces différents acteurs se rencontrent, et que les outils soient capitalisés et diffusés à travers un réseau plus large ». Le site internet « Les deltas du monde » (http://mangroves.network) a ainsi été créé et propose notamment une série de fiches-outils accessibles à toutes et tous.
L’organisation d’un colloque multi-acteurs à Lomé (Togo), en février 2019, a réuni une centaine d’académiques, acteurs de terrain, institutionnels, étudiant·e·s, et communautés locales, venus du Bénin, du Ghana, du Sénégal, de Madagascar, d’Europe et du Togo. « La présence du ministre de l’environnement du Togo, de personnalités politiques locales et d’un représentant de l’Agence wallonne de l’Air et du Climat (AWAC), qui finance le projet, a aussi contribué à faire entendre notre message auprès des pouvoirs décisionnaires ».
Surtout, le colloque favorisait des moments de rencontre entre académiques et acteurs de terrain qui ont pu identifier des besoins, des synergies et des pistes d’actions communespour une gestion durable des mangroves. « Parfois, ces pistes apparaissent de manière quelque peu inattendue », raconte Pierre. Comme dans la forêt d’Akissa au Togo, une mangrove proche de la capitale Lomé. « Considérée comme sacrée, la forêt était gérée par des communautés locales selon des règles liées au vaudou. Certaines zones étaient interdites d’accès, d’autres accessibles seulement à certaines périodes de l’année. Or ces règles, ancrées dans la tradition, sont liées à des règles de gestion, car elles donnent le temps à la forêt de se régénérer ». Cette approche anthropologique a permis d’aborder la question de la gestion de ces espaces auprès des populations locales, et a inspiré des approches similaires dans d’autres régions. « Cet exemple montre bien la richesse et la pertinence de notre approche multidisciplinaire et l’importance d’impliquer les acteurs locaux », conclut Pierre Collière.
A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 13 : lutte contre les changements climatiques.
Malgré l’accord universel et historique de Paris conclu en 2015 et qui lie tous les pays du globe autour d’objectifs climatiques, les émissions mondiales de gaz à effet de serre et la crise climatique s'accélèrent. En effet, d’une part les émissions humaines croissent et ont déjà provoqué une augmentation de la température mondiale de 1,1 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Ce qui pourraient entraîner une hausse de la température de 1,5 °C dès 2030 (OMM, 2020 ; GIEC, 2018), un seuil de température à ne pas dépasser pour limiter les impacts négatifs et surtout pour que certains pays restent habitables. D’autre part les effets du changement climatique se font déjà ressentir partout dans le monde, et en particulier dans les pays les plus pauvres et les régions vulnérables, principalement situées autour de l’équateur.
L’Objectif de Développement Durable 13, adopté également en 2015, décrit les actions à mener pour lutter contre le changement climatique, se reposant sur les trois piliers de l’accord de Paris : l’atténuation, l’adaptation et la protection liée aux pertes et dommages. Dans son rapport spécial sur le réchauffement climatique de 1,5 °C, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a souligné que même si l'augmentation de la température mondiale ne dépasse pas 1,5 °C, des mesures d'adaptation de grande envergure seront nécessaires. Pour de nombreuses régions, 1,5 °C de réchauffement climatique repoussera les limites de la capacité et de la faculté d'adaptation de nombreux systèmes humains et naturels.
De Cuba…
C’est le cas de Cuba, qui fait face depuis quelques années à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des ouragans et des pluies, provoquant des inondations et de nombreux dégâts, à l’augmentation des épisodes de sécheresse, à la montée du niveau de la mer qui salinise les nappes phréatiques et les champs côtiers, et qui submergera environ 6% de la surface du pays d’ici la fin du siècle. Ces effets ont également un impact important sur la santé publique et représentent d’importants enjeux urbanistiques et alimentaires. Les autorités l’ont bien compris, c’est pourquoi Cuba mène une politique climatique forte avec un plan d’action ambitieux pour les 100 prochaines années, appelé la Tarea Vida (Tâche vie).
Depuis quelques années, en collaboration avec Cubanismo.be, Viva Salud soutient le travail du Centro Felix Varela, une organisation cubaine ayant plus de 15 ans d’expérience dans les actions environnementales, la formation à l’écologie et la participation communautaire. Le Centro Félix Varela participe activement à la mise en œuvre du plan climatique national. Son rôle consiste à développer des moyens d’actions qui permettent d’augmenter la perception des risques environnementaux des habitant·e·s cubain·e·s et leur niveau de connaissance générale sur le changement climatique. Mais également à renforcer le degré de participation de la population pour la lutte contre ce dérèglement et à favoriser une culture qui encourage l’économie de l’utilisation d’eau.
« Pour faire face au changement climatique, l’éducation environnementale et la conscientisation de la population sont primordiales »
« Pour faire face au changement climatique, l’éducation environnementale et la conscientisation de la population sont primordiales », énonce Marilyse Broers, collaboratrice de Viva Salud. C’est pour cela que le Centro Felix Varela développe des actions d’éducation en utilisant, notamment, la méthode du « Mapa Verde ». « A travers cette méthode unique, les communautés cartographient elles-mêmes leurs ressources environnementales locales. Armés d’un plan et de symboles en papier découpés, les habitants et habitantes partent à la reconnaissance de leur environnement immédiat. A chaque site ayant une valeur écologique, sociale ou culturelle correspond un symbole. Les gens apprennent ainsi à mieux connaître leur milieu de vie, à détecter les problèmes et à en chercher les solutions avec les autorités locales », explique Marilyse Broers. Des cartes de risques écologiques ont ainsi été créées, qui ont permis de sensibiliser et d’informer les communautés et les autorités locales sur la vulnérabilité des territoires. La méthode a d’ailleurs connu un tel succès qu’elle a même été utilisée dans le contexte du coronavirus, pour identifier les endroits à risque en matière de contamination et pour informer la population.
En plus de ses activités d'éducation, le Centro Felix Varela forme des coaches climat, organise des activités pour promouvoir la participation communautaire, la conscientisation autour du recyclage, d’un usage rationnel de l’eau, de l’agroécologie, etc. Enfin les membres et volontaires du centre plantent des espèces résistantes à des conditions climatiques difficiles, nettoient des plages, cours d’eau et zones côtières, et planifient des reboisements, surtout de mangroves pour diminuer les effets des vagues lors de tempêtes et renforcer la biodiversité.
Pour soutenir le travail du Centro Félix Varela, Viva Salud et Cubanismo.be vendent chaque année des œufs en chocolat lors de la campagne de Pâques. Dans le cadre de cette campagne, des actions de sensibilisation et des formations sont également organisées en Belgique. La campagne permet ainsi d’informer et de sensibiliser sur la nécessité d’une politique climatique à court, moyen et long terme (comme le plan climatique à 100 ans de Cuba), ou encore de faire connaître des initiatives innovantes de lutte contre les effets du changement climatique, comme la méthodologie participative ‘Mapa Verde’ qui implique et mobilise toute la population dans la politique climatique.
« Mais nous savons tous que le changement climatique ne connaît pas de frontières. C’est pourquoi à travers notre campagne de Pâques, le projet s’attache également à conscientiser les gens ici en Belgique. La façon dont Cuba agit est très instructive pour les mouvements sociaux, les décideurs et décideuses. Le plan pour le climat est un exemple de collaboration entre les mouvements et les autorités pour la mise en œuvre d’initiatives afin que l’île reste habitable pour toutes et tous », explique Marilyse Broers. L’approche cubaine du changement climatique peut donc être une grande source d’inspiration pour nos politiques et nos mouvements pour le climat.
La Coalition Climat, fondée en 2008 par une série d'organisations dont Oxfam et les deux coupoles, le CNCD 11.11.11 et son équivalent néerlandophone 11.11.11, a toujours eu pour objectif de combattre l'injustice humaine que représente le changement climatique pour tous les êtres vivants sur terre, en particulier les plus pauvres et vulnérables. Elle réunit d'autres OSC de développement et environnementales, les syndicats et des mouvements citoyens et de jeunesse.
La coalition a réussi à faire converger différents intérêts et visions du monde autour de ce danger existentiel. Depuis elle mène des campagnes de plus en plus efficaces, alliant plaidoyer et mobilisation. « Au fur et à mesure la coalition a évolué. Il fallait transformer les mobilisations en changement politique, c'est pourquoi il fallait un espace de plaidoyer », explique Nicolas Van Nuffel, porte-parole de la Coalition Climat.
« L’objectif de la participation des OSC à la coalition a toujours été double », poursuit Nicolas Van Nuffel. « A la fois il est impératif que les objectifs de décarbonation augmentent le plus vite possible, et il faut aider financièrement les pays pauvres et vulnérables qui n'ont pas contribué à ce problème mais qui sont les premiers affectés. » La mobilisation a culminé à un niveau historique lors des marches géantes de décembre 2018.
« Il est impératif que les objectifs de décarbonation augmentent le plus vite possible, et il faut aider financièrement les pays pauvres et vulnérables qui sont les premiers affectés »
Depuis, la pandémie a ralenti les mobilisations mais comme le prouvent les 60h de mobilisation réalisées pour l'anniversaire de ces marches en décembre dernier, la coalition reste déterminée à pousser la Belgique à faire mieux. Avec le nouveau gouvernement fédéral, les objectifs de décarbonisation ont été relevés à 55% d'ici 2030, en ligne avec les objectifs européens, mais insuffisants pour permettre un réchauffement global limité à 1,5 °C. De même que pour l'aide financière apportée par la Belgique, actuellement en-dessous de 100 millions d'euros par an, celle-ci est encore loin de la part équitable estimée à 500 millions.
Cette année, la conférence internationale sur le climat (COP26) devrait utiliser pour la première fois le mécanisme de l'accord de Paris, qui encourage les pays à revoir à la hausse leur engagements. La Coalition Climat entend mettre la pression au maximum pour que ces objectifs soient améliorés tant sur le volume d'émissions que sur la manière de le faire. « Il est évident que nous n'avons plus le temps de compenser les émissions par tel ou tel mécanisme qui ne ferait que postposer la nécessaire décarbonisation de nos sociétés », précise Nicolas Van Nuffel. « Il est aussi impératif que les états industrialisés et responsables de ce changement, doivent réellement aider les autres pays à faire face aux impacts présents et futurs. Nous continuerons à faire pression et à marcher dans la rue dès que les conditions sanitaires nous le permettrons. »
A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 12 : établir des modes de consommation et de production durables.
La poursuite de cet objectif de développement durable repose sur un constat alarmant : la consommation et la production mondiales, moteurs de l’économie, reposent sur une utilisation de l’environnement et des ressources naturelles d’une manière qui continue à avoir des effets néfastes sur la planète. Encourager des actions qui permettent d’établir des modes de consommation et de production durables vise à mieux utiliser les ressources locales et d’autre part gérer les effets des dégradations sur l’environnement. Ou mieux : les prévenir en gérant les déchets. C’est dans cet objectif que s’inscrit l’action d’Autre Terre et de l’association Centre écologique Albert Schweitzer du Burkina Faso (CEAS-Burkina) en déclinant un projet qui focalise sur l’ODD 12.4 : « d’ici à 2020, instaurer une gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques et de tous les déchets tout au long de leur cycle de vie et réduire considérablement leur déversement dans l’air, l’eau et le sol, afin de minimiser leurs effets négatifs sur la santé et l’environnement » ; et 12.5 : « D’ici à 2030, il s’agit de réduire considérablement la production de déchets par la prévention, la réduction, le recyclage et la réutilisation ».
Le projet sensibilise les populations aux bonnes pratiques en matière d’hygiène et d’assainissement.
Au Burkina Faso, Autre Terre et l’association CEAS-Burkina accompagnent 7 communes (Kaya, Yako, Ouagadougou, Saaba, Kombissiri, Pô, Gourcy) afin qu’elles développent des services de gestion des déchets de qualité et sensibilisent les populations aux bonnes pratiques en matière d’hygiène et d’assainissement. Nous avons tendu notre micro à Séraphin Koutaba, responsable du Département eau, promotion de l'hygiène et de l'assainissement de l’association CEAS-Burkina : « le projet a démarré depuis 2011 sous sa forme classique de projet d’appui à la maîtrise d’ouvrage communale, au départ avec 3 communes burkinabés de tailles moyennes (pas plus de 30.000 habitants). » L’enjeu étant d’accompagner des communes qui ne disposent pas de moyens pour répondre correctement aux besoins de la population. « Quand nous avons fait l’état des lieux de la gestion des déchets, » nous confie M. Koutaba ,« il n’y avait rien qui puisse structurer une gestion de la filière. Donc les premières actions ont consisté à accompagner les communes, à réaliser leur plan stratégique de gestion des déchets solides (PSGDS). Ces plans stratégiques ont défini et planifié l’ensemble des infrastructures et des équipements nécessaires, les besoins en renforcement des capacités, que ce soit en matériel, en formation, à l’endroit des agents techniques municipaux mais également au niveau des Conseils municipaux. »
Le projet a pris de l'ampleur en 2017 avec l'arrivée d'Autre Terre dans le pôle des partenaires techniques et financiers. « L'action a été étendue à 7 communes qui ont été accompagnées dans la mise en œuvre de leur plan stratégique », explique M. Koutouba.
Une autre dimension importante de ce projet réside dans la sensibilisation et l’éducation de la population. Pour accompagner la mise en œuvre des PSGDS, les communes ont été accompagnées à élaborer les Plans d’Information, Education et Communication (Plan IEC) sur la base du diagnostic des pratiques et comportements à améliorer. La mise en œuvre des actions du Plan IEC vise à « faire prendre conscience à la population qu’un changement des comportements en faveur d’une meilleure gestion des déchets va contribuer bien évidemment à un meilleur environnement, avec notamment la réduction des gaz à effet de serre. Ce volet sensibilisation du projet est donc essentiel ».
Cette expérience a permis à Autre Terre et ses partenaires d’avoir un impact important sur la salubrité de 7 villes burkinabé
Cette expérience a permis à Autre Terre et ses partenaires d’avoir un impact important sur la salubrité de 7 villes burkinabé. L’accompagnement a permis de renforcer les autorités communales afin qu’elles définissent des plans communaux de gestion des déchets et deviennent maîtres d’œuvre de la gestion des déchets sur leur territoire ; les organismes de collecte afin qu’ils prestent un service de qualité auprès de la population et développent des filières de tri et de valorisation des déchets ; la population organisée en comités locaux chargés de sensibiliser leurs pairs et de veiller à la salubrité de leur cadre de vie ; et les infrastructures existantes en construisant des centres de tri de valorisation, l’aménagement de décharges finales contrôlée pour l’enfouissement des rebuts de tri des déchets et en opérationnalisant leur gestion.
Ce projet est une belle illustration de la poursuite de l’ODD12 : il permet d’instaurer une gestion rationnelle des déchets dans 7 communes au Burkina Faso. Il sensibilise et mobilise la population afin qu’elle réduise sa production de déchets et gère plus durablement ceux existants. Il crée des filières de valorisation innovantes et favorise le recyclage et la réutilisation. C’est ainsi que 8.800 familles au Burkina Faso, soit près de 63.000 personnes sont abonnées à un système de gestion des déchets. Chaque ville dispose ou est en voie de construire un centre de tri et de gestion des déchets et mène désormais une politique concertée d’assainissement tant avec la population qu’avec les organismes de collecte locaux.
A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 11 : villes et communautés durables.
Aujourd’hui, la moitié de la population vit dans des villes et ces dernières n’occupent que 3% de l’espace continental dans le monde. Cette tendance continue de s’accroître et les experts de l’ONU prévoient que cinq milliards d’êtres humains vivront en milieu urbain d’ici 2030. Ce phénomène n’est pas sans impact sur l’environnement et le climat car 70% des émissions de gaz à effet de serre proviennent des villes et l’artificialisation des sols contribue fortement au déclin de la biodiversité. A ces conséquences négatives s’ajoute des défis sociaux considérables dus à l’étalement urbain trop souvent négligé et dont les conditions de vie sont déplorables.
Il est donc impératif d’améliorer significativement les conditions de vies des citadin·e·s et de réduire drastiquement leur empreinte écologique. C’est ce que préconisent et ambitionnent l’ensemble des états nations à travers le onzième Objectif de Développement Durable (ODD11) : Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables.
Il est impératif d’améliorer significativement les conditions de vies des citadin·e·s et de réduire drastiquement leur empreinte écologique
Une ville durable est une ville qui respecte les principes du développement durable à travers un urbanisme écologique et une gouvernance participative et sociale. En effet pour réduire son empreinte écologique, il est indispensable de réduire les inégalités au sein de sa population et d’engager les citoyen·ne·s pour mieux répondre et adapter la ville à ses besoins et réalités. Il est ainsi essentiel de prendre en compte simultanément les enjeux sociaux, économiques, environnementaux, énergétiques et culturels de l'urbanisme.
Les réponses à apporter sont multiples, que ce soit une politique de réduction de l’usage automobile afin d’améliorer la qualité de l’air, des aides publiques à la rénovation afin d’augmenter l’isolation des bâtiments pour baisser la consommation d’énergie, ou encore des projets alliant divers acteurs publics, parapublics et privés afin de combattre le chômage et de redonner une activité décente à des personnes souffrant d’exclusion.
C’est ce à quoi Groupe One, une ASBL située à Bruxelles, contribue à travers ses différents projets sociaux et durables, tel que sa Recyclerie Sociale. Créée en 2018 à l’initiative de la commune de Saint-Gilles et de Groupe One, avec le soutien financier de la région de Bruxelles, la Recyclerie Sociale est agréée économie sociale et mandatée entreprise d’insertion.
Elle a comme activités de collecter, trier et réparer tout objet d’ameublement ou de décoration dont le citoyen souhaite se débarrasser. Les objets sont remis à neuf par du personnel spécifiquement formé dans le cadre d’un projet de réinsertion sociale et professionnelle. Ils sont ensuite vendus dans le magasin de la Recyclerie Sociale, ouvert du mardi au samedi.
Caroline Joris, chargée de projet chez GroupeOne, explique que « l’idée de la Recyclerie Sociale est née d’un constat de terrain : 100% des encombrants collectés sur le territoire Saint-Gillois par le Service Propreté sont broyés par un camion compacteur. Or, 10 à 15% de cette quantité pourraient être revalorisés, c’est-à-dire nettoyés et réparés pour être réinjectés dans le circuit économique local et connaitre une seconde vie. »
« La Recyclerie Sociale est un exemple parfait de l’ODD 11 car elle a pour objectif de rendre plus durable un territoire public en créant un projet économique avec des valeurs sociales et environnementales fortes »
Pour ce type de projet avec un volet important de réinsertion sociale, il est nécessaire que les pouvoirs publics apportent un soutien financier et logistique. La Recyclerie Sociale bénéficie d’une subvention régionale sur trois ans, la commune a mis à sa disposition gratuitement un local de 1500m² qui sera rénové énergétiquement et a fait le don d’un véhicule pour permettre la collecte. Un accord a également été passé avec la commune pour autoriser cette collecte régulière et intégrer l’association dans les activités de ses différents services communaux (emploi et formation, cohésion sociale, propreté, développement durable, etc.).
« La Recyclerie Sociale de Saint-Gilles est un exemple parfait de l’ODD 11 car elle a pour objectif de rendre plus durable un territoire public en créant un projet économique avec des valeurs sociales et environnementales fortes », ajoute Caroline Joris.
Plus de 85% du personnel sont des personnes sous contrat art.60 et des chômeurs·euses de longue durée qui bénéficient d'aides à l'emploi et à la formation. Dans la Recyclerie ces personnes peuvent suivre une formation pratique au métier de valoriste qu'elles pourront utiliser pour obtenir un emploi dans d'autres entreprises privées. Elles ont également l’opportunité d’être formées aux tâches administratives et de communication.
Le directeur opérationnel, Frédéric Houtteman, accompagne également ces personnes pour qu'elles s'épanouissent et soient soutenues dans leur réinsertion sociale. « L'accompagnement se fait au cas par cas », explique Caroline Joris. « Certain·e·s ont besoin parfois de formations spécifiques. Nous organisons également des activités pour améliorer leur compréhension culturelle à la diversité, des mises au vert pour mieux comprendre l'autre et son rôle au sein de l'équipe, etc. ».
La Recyclerie Sociale vise aussi le changement de comportement du consommateur. En valorisant et réparant les objets pour leur donner une seconde vie, le consommateur prend conscience de l'utilité et de l'attrait que peuvent avoir ces objets. La politique de prix appliquée se veut sociale. Les objets ayant plus de valeur sont par exemple vendus seulement sur Instagram afin d'assurer une cohérence de prix accessibles dans le magasin et de ne pas rebuter un public plus modeste. Enfin l'équipe de la Recyclerie Sociale organise des événements pour expliquer la démarche et sensibiliser les citoyen·ne·s aux enjeux de durabilité.
Aujourd’hui Groupe One cherche à reproduire ce type d’activité écologique, sociale et inclusive dans des villes d’autres pays souffrant d’une urbanisation galopante et où la pauvreté est très présente.
A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 10 : réduire les inégalités.
En 2019, les milliardaires du monde entier, au nombre de seulement 2153, se partageaient plus de richesses que 4,6 milliards de personnes. C’est sur ce constat choc que s’ouvre le dernier rapport sur les inégalités d’Oxfam International, paru en janvier 2020 à l’occasion du Forum économique mondial de Davos. La publication de ce rapport annuel pendant cette grand-messe de la mondialisation veut provoquer le débat, capter l’attention du public, et renforcer le plaidoyer en faveur de la réduction des inégalités mondiales.
Malgré les progrès effectués dans certains domaines, l’UNDP rappelle que les inégalités de revenus se creusent : 10 % des personnes les plus riches perçoivent près de 40 % du total des revenus mondiaux, tandis que les 10 % plus pauvres ne gagnent qu’entre 2 à 7 % du total des revenus mondiaux. La Banque mondiale estime quant à elle que près de la moitié de la population mondiale vivrait avec moins de 5,50 dollars par jour.
En 2019, les milliardaires du monde entier, au nombre de seulement 2153, se partageaient plus de richesses que 4,6 milliards de personnes
La lutte pour réduire ces inégalités croissantes a été inscrite au sein de l’Agenda 2030 comme le 10ème objectif de développement durable, qui rappelle que la croissance économique ne suffit pas pour réduire la pauvreté si elle ne bénéficie pas à tout le monde, et ne concerne pas les trois dimensions du développement durable - économique, sociale et environnementale. L’ODD 10 vise à favoriser l’intégration économique de toutes et tous, indépendamment de leur appartenance ethnique ou de leur sexe, par exemple.
Le sexisme de notre modèle économique est justement au centre du rapport sur les inégalités 2020 d’Oxfam, intitulé « Celles qui comptent » et consacré au travail de soin non ou peu rémunéré effectué par les femmes et les filles dans le monde. Selon les calculs d’Oxfam, les femmes assument chaque jour l’équivalent de 12,5 milliards d’heures de travail de soin non rémunéré. La valeur de ce travail pour l’économie serait d’au moins 10 800 milliards de dollars. « Il existait peu de données relatives à la problématique du travail de soin non-rémunéré des femmes. Ce rapport était donc à la fois un défi et une opportunité de mettre en lumière cette thématique très peu visible », explique Aurore Guieu, responsable de l’équipe Justice fiscale et Inégalités chez Oxfam-Solidarité.
Le choix de ce thème et l’écriture du rapport implique les bureaux pays, régions et les affiliés d’Oxfam, notamment par le biais de groupes de travail réunissant des représentant·e·s de la vingtaine d’organisations composant la confédération, dont Oxfam-en-Belgique (qui réunit Oxfam Solidarité, Oxfam Wereldwinkels/Oxfam Fairtrade, et Oxfam Magasins du Monde). Les membres du réseau valident ensuite le rapport final.
« La publication du rapport est accompagnée de calls to action, de pétitions, ou d’outils spécifiques comme, dans ce cas-ci, pour calculer la valeur du travail de soin non-rémunéré », continue Aurore. « Selon le thème, nous l’utilisons aussi dans nos campagnes ou activités d’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire ». Le plaidoyer politique au niveau national et mondial met en avant les solutions proposées dans le rapport en matière de fiscalité, d’offres de services publics de qualité ou d’accès à la protection sociale. « A ce niveau, les ODD sont importants car ils constituent un langage commun pour notre plaidoyer envers les instances internationales, ainsi que des objectifs qui peuvent être partagés par ces instances, la société civile et le secteur privé ».
« La publication du rapport est accompagnée de calls to action, de pétitions, ou d’outils spécifiques comme, dans ce cas-ci, pour calculer la valeur du travail de soin non-rémunéré »
La participation au Forum de Davos offre également une exposition médiatique importante au rapport et aux problématiques et solutions qu’il développe, mais aussi un accès à de hauts responsables politiques. En 2020, le rapport et le thème du travail de soin non rémunéré des femmes a ainsi attiré l’attention de Sophie Wilmès, alors première ministre, qui a rencontré à Davos le représentant d’Oxfam, Amitabh Behar. « Sophie Wilmès s’est investie personnellement sur le sujet, ce qui montre la portée que peut avoir ce rapport. Même si la crise du COVID nous a empêché par la suite de nous rencontrer de nouveau autour de ce thème », explique Aurore.
La pandémie de COVID-19, tout comme le changement climatique (voir aussi le rapport sur les « inégalités carbone »), fait justement peser de lourdes menaces sur les inégalités. Selon l’ONU, la pandémie exacerbe les inégalités déjà existantes et frappe plus durement les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables. Elle met en lumière les inégalités économiques, et la fragilité autant que l’importance des filets de sécurité sociale (voir aussi le tout nouveau rapport sur la protection sociale au temps du COVID) et des systèmes de soins de santé. Dans toutes les sphères, qu’il s’agisse de la santé, de l’économie, de la sécurité ou encore de la protection sociale, les femmes et les filles sont parmi les premières victimes de cette crise qui menace les progrès engrangés en matière d’égalité de genre. L’impact du COVID sera d’ailleurs le sujet du prochain rapport d’Oxfam sur les inégalités à paraître ce 25 janvier 2021.
A l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 9 : Industrie, innovation et infrastructures.
Faciliter la mise en place d’une infrastructure durable et résiliente dans les pays du Sud, en renforçant l’appui financier, technologique et technique, est l’un des objectifs de l’ODD 9 consacré à l’industrie, l’innovation et l’infrastructure. Pour être durable, une infrastructure doit être capable de fonctionner de manière autonome, de minimiser son impact sur l’environnement et de créer des emplois décents.
Ces trois principes - économique, environnemental et social – sont centraux dans les actions d’Ingénieurs Sans Frontières Belgique.L’organisation belge s’est depuis longtemps spécialisée dans l’appui à l’installation d’infrastructures électriques, hydrauliques, et de gestion des déchets, en mettant en place des solutions innovantes, pérennes et adaptées à la réalité du terrain.
C’est cette expertise qui a poussé une société malgache à caractère social, Le Relais Madagascar, à faire appel à ISF pour appuyer la mise en place d’un système de gestion efficace des déchets ménagers dans la commune de Fianarantsoa, chef-lieu de la province du même nom à Madagascar. Comme beaucoup d’autres villes dans la région, Fianarantsoa a connu une explosion démographique, une croissance des activités urbaines et une extension territoriale galopante. En conséquence, elle connaît d’importants problèmes d’évacuation de ses déchets. La production de déchets ménagers dans cette ville d’environ 200.000 habitant·e·s était estimée en 2012 à entre 65 et 137 tonnes de déchets par jour.
Pour faire face à cette situation et installer un réseau de collecte, de tri et de valorisation performant, la première étape du projet mené par ISF et Le Relais a été de construire la structure administrative autour du services public. « Nos actions sont basées sur un partenariat entre le public et le privé », explique Claude Jussiant, Administrateur d’Ingénieurs Sans Frontières. « Pour ce faire, le rôle de la commune était stratégique et son implication primordiale malgré les difficultés que connaissaient la ville et le pays en terme de gouvernance. », reconnait-il. Un plan stratégique a été signé entre les parties, prévoyant la création d’un département de la gestion des déchets et l’allocation d’un budget communal. « Nous avons pu aussi compter sur un partenaire très professionnel et convaincu par le projet », précise Claude. « Le Relais est notamment spécialisé dans le tri, la réparation et la revente de vêtements de seconde main mais il développe d’autres activités dont le but est toujours de pouvoir fournir des emplois décents au plus grand nombre de personnes, notamment un atelier de couture, un soutien aux riziculteurs locaux et même la construction d’une voiture adaptéeà la réalité du terrain malgache ! ».
La deuxième étape était d’organiser le système de collecte des déchets. Une cinquantaine de bacs de collecte ont été installés, qui permettent de collecter en moyenne 550 tonnes de déchets par mois. Pour ce faire, ce sont quatre équipes composées chacune d’un camion avec chauffeur et de 4 agents de collecte qui se déploient dans l’ensemble de la ville chaque jour. Une activité qui occupe environ une vingtaine de personnes, tandis qu’une vingtaine d’autres emplois ont été créés pour le service de pré-collecte. Etant donné l’urbanisation galopante et le mauvais état des routes, de nombreux quartiers sont en effet inaccessibles aux camions ou trop éloignés des bacs. Un service de pré-collecte a donc été organisé dans lequel des agents – mpanadio en malgache – collectent les déchets des ménages de ces quartiers à l’aide de brouettes aménagées pour les amener vers les bacs. Cette activité reste peu rémunératrice, mais permet aux mpanadios, issus des couches les moins favorisées de la population, de vivre. Les mpanadios assurent aussi le maintien du bon état autour des bacs ce qui leur vaut une reconnaissance par la communauté.
« A Fianarantsoa, près de 90% des déchets sont constitués de matières organiques biodégradables. La vente de ce compost à l’excellent rapport qualité/prix permet de financer les activités déchets du centre »
Un premier tri est fait au niveau des bacs, puis les déchets collectés sont amenés au centre de tri et valorisation des déchets (CTVD), qui occupe une trentaine d’employé·e·s. Le terrain a été aménagé en dehors de la ville. La principale activité du CTVD est la production de compost issu des déchets organiques : « à Fianarantsoa, près de 90% des déchets sont constitués de matières organiques biodégradables. La vente de ce compost à l’excellent rapport qualité/prix permet de financer les activités déchets du centre », explique Claude. La production et la vente de plants agricoles, cultivés grâce au compost, permettent de compléter ces rentrées financières. Le CTVD comprend aussi un centre d’enfouissement pour les déchets ultimes non valorisables. Il a été aménagé selon des normes environnementales très sévères pour l’Afrique inspirées de la législation applicable en Europe. A ce jour les lixiviats produits sont trop faibles pour donner lieu à un projet de traitement naturel.
La prévalence des déchets organiques et l’interdiction d’utiliser des sacs et sachets plastiques votée en 2014 ont rendu inutile et non rentable la mise en place d’une filière de recyclage industrielle pour le plastique et le métal. « Ces matières sont recyclées dans un circuit artisanal. Il n’y avait pas assez de plastique pour mettre en œuvre de solutions spécifiques, comme l’utilisation d’un « mixeur » ». Le « mixeur » dont parle ISF est une machine qui produit des pavés à partir de sachets plastiques, développée conjointement par ISF et des partenaires en Afrique, au Burkina Faso notamment. « Cette machine a trois grandes caractéristiques : premièrement, elle permet la production de pavés de qualité constante ; deuxièmement, elle protège les ouvriers·ères des vapeurs toxiques et leur permet de travailler dans de bonnes conditions d’hygiène ; enfin, elle est aisément reproductible grâce à un manuel technique mis librement à disposition ». Le système a ainsi déjà été utilisé au Burkina Faso, au Bénin et en RDC.
Enfin, le projet n’aurait pas pu fonctionner sans l’adhésion des habitant·e·s : il est essentiel que la population soit conscientisée à la problématique des déchets et de ses impacts sur la santé, l’environnement, … « Nous avons mené une grande campagne de sensibilisation à travers la radio, la vidéo, une présence dans les écoles, des spectacles de rue, et même une chanson interprétée par un artiste malgache reconnu ! » raconte Claude Jussiant. ISF a travaillé avec des partenaires locaux pour toucher le grand public, comme la radio locale ou un groupe de théâtre, Tsidika, spécialisé dans la sensibilisation humoristique. Des activités ciblaient aussi particulièrement les femmes. Enfin, un volet éducation environnementale a permis de réaliser un manuel expliquant les bases et les raisons de la gestion des déchets. Il a été distribué dans les écoles avec du matériel d’assainissement.
Une infrastructure de gestion des déchets performante, autonome et financièrement viable, en phase avec les besoins de la population et les objectifs du développement durable.
Mais c’est aussi grâce à l’efficacité de la collecte, sa quasi gratuité et l’augmentation visible de la salubrité, que le système jouit d’une grande appropriation par la population et par l’autorité publique. La simplicité des solutions techniques mises en place, la création d’un grand nombre d’emplois (plus de 120 en tout), le taux remarquable de valorisation des déchets (plus de 90%) et les rentrées financières qui en découlent, ont permis de créer une infrastructure de gestion des déchets performante, autonome et financièrement viable à Fianarantsoa, en phase avec les besoins de la population et les objectifs du développement durable.