- Créé par Lawrence PIETERS
- Le 11/09/2025
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Alors que l’aide au développement subit des coupes budgétaires importantes, le CNCD-11.11.11 a publié ce mardi son rapport annuel sur la Coopération belge au développement. Dans un monde qui bascule, la coopération internationale ne doit pas être réduite mais renforcée et adaptée aux mutations en cours pour répondre aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux et démocratiques.
Ce mardi, le CNCD-11.11.11 présentait son Rapport 2025 sur la Coopération belge au développement.
Celui-ci analyse les conséquences du basculement du monde qui s’accélère depuis la réélection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et à la montée de l’extrême droite en Europe : repli nationaliste, violation du droit international, multiplication des conflits, réarmement massif, guerre commerciale, coupes dans les budgets d’aide au développement et remise en cause des politiques de développement durable, alors que le dérèglement climatique s’aggrave et que les inégalités se creusent.
Coupes budgétaires : la Belgique s’éloigne de ses engagements
Le Rapport dresse aussi le bilan de la Belgique en matière d’aide au développement. D’une part, l’aide belge a augmenté de 15% en 2024, dernière année de législature de la coalition Vivaldi, durant laquelle l’aide belge est passée de 0,41% du RNB en 2019 à 0,48% en 2024. D’autre part, la coalition Arizona a décidé de réduire d’un quart le budget de la Coopération belge durant la législature. « La Belgique opère ainsi un tournant déplorable en tournant ouvertement le dos à l’engagement international de 0,7% en 2030, alors que les besoins sont grandissants dans un monde qui bascule », a dénoncé Arnaud Zacharie, Secrétaire général du CNCD-11.11.11 et auteur du rapport. Dans le même temps, la Belgique, en tant que pays membre de l’OTAN, s’est engagée à mobiliser 2,5 % de son PIB (soit 34 milliards EUR) en dépenses militaires et de sécurité sur dix ans.
« Dans la lutte contre les dépenses publiques et les solidarités au profit d’un modèle de société fondé sur le chacun pour soi et la loi du plus fort, les budgets de la coopération internationale sont une cible privilégiée », a commenté Arnaud Zacharie.
L’utilité de la coopération au développement en chiffres
A cet aune, le Rapport 2025 se penche également sur la remise en cause croissante de l’aide au développement, présentée comme inefficace. Un fact-checking chiffré permet de démontrer combien les arguments des pourfendeurs de l’aide au développement sont erronés, insistent les auteurs. Ainsi, l’aide a contribué à réduire l’extrême pauvreté de 38% à 8% de la population mondiale depuis 1990. D’importants progrès ont été enregistrés, notamment en matière de santé et d’éducation. Loin d’être un coût démesuré pour les finances publiques des pays donateurs, l’aide au développement représente un coût marginal pour un impact économique et social considérable et des dépenses importantes évitées. En effet, selon l’OCDE, chaque dollar investi en prévention des conflits permet d’en épargner 16 à l’avenir. La coopération internationale génère en outre des bénéfices pour les économies des pays donateurs : chaque euro d’aide européenne génère plus d’un euro d’exportations européennes en retour.
Enfin, le Rapport 2025 adresse une série de recommandations à l’intention du gouvernement belge pour renoncer aux coupes sombres dans le budget de la Coopération belge et renforcer son efficacité et sa cohérence dans un monde en mutation.
« L’aide publique au développement demeure un levier essentiel pour faire face aux défis mondiaux contemporains - climat, pandémie, sécurité collective, recul démocratique-, à condition d’être repensée et renforcée. Dans un contexte de basculement du monde et de conflits, elle est un investissement indispensable dans la prospérité partagée et la stabilité mondiale », a conclu Arnaud Zacharie.
Le rapport 2025 de la Coopération belge au développement est téléchargeable ici.