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Vers le développement durable – ODD 6 : Améliorer l’accès à l’eau potable au Rwanda

  1. Créé par Lawrence PIETERS
  2. Le 03/11/2020
  3. Dans ODD
À l’occasion du 5ème anniversaire des Objectifs de développement durable (ODD), nous partageons des initiatives d’OSC qui contribuent de manière efficace et innovante à la réalisation de ces objectifs. Cette semaine, l’ODD 6 : eau propre et assainissement.

Quand on pense aux paysages du Rwanda, avec ses collines verdoyantes et ses forêts luxuriantes, il est difficile d’imaginer que de nombreux habitant·e·s connaissent des problèmes d’approvisionnement en eau. C’est pourtant cette géographie particulière qui peut rendre cet accès problématique. Dans les villages isolés des régions montagneuses de l’Ouest du pays, par exemple, il n’est pas rare de devoir couvrir plusieurs kilomètres afin d’atteindre un point d’eau potable situé dans la vallée. L’abondance des pluies favorise également les inondations et les glissements de terrain, compliquant l’installation et le maintien des infrastructures. On estime qu’environ 50% seulement de la population rurale rwandaise bénéficie de l’eau courante.

Au niveau mondial, selon le site de l’ONU consacré aux ODD, une personne sur trois ne bénéficie pas d’une eau potable gérée en toute sécurité, deux personnes sur cinq ne disposent pas d’une installation de base pour se laver les mains avec de l’eau et du savon, et plus de 673 millions de personnes pratiquent encore la défécation à l’air libre. Or, comme vient nous le rappeler la pandémie de COVID-19, l’assainissement, l’hygiène et un accès adéquat à l’eau potable revêtent une importance cruciale afin de prévenir et de contrôler les maladies. C’est pourquoi le 6ème Objectif de développement durable veut « garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable ».

« Lorsque l’on parle de santé, le pilier est l’eau »

C’est pour répondre à ce défi sanitaire que la Croix-Rouge de Belgique, en partenariat étroit avec la Croix-Rouge rwandaise, met en œuvre un programme de résilience communautaire dans 46 villages répartis dans 5 districts de l’ouest du Rwanda. Le programme se base sur l’approche de « villages modèles » initiée par la Croix-Rouge rwandaise, dans lesquels la communauté est mobilisée autour de ses propres objectifs. Dans un « village modèle », la population, la Croix-Rouge et les autorités locales travaillent ensemble à l’amélioration des conditions d’existence dans des domaines comme la santé, l’eau, l’hygiène, la nutrition, la gestion des risques de catastrophes et l’économie.

Au sein du programme, l’accès à l’eau potable, l’assainissement de l’environnement de vie et l’utilisation de latrines ont rapidement été identifiés comme des priorités. « Lorsque l’on parle de santé, le pilier est l’eau », affirme Issa Sawadogo, Représentant de la Croix-Rouge de Belgique au Rwanda. La première étape est d’acheminer une eau propre vers les villages. « Il faut d’abord aménager la source, en général située dans la vallée », explique Issa, « puis organiser le drainage de l’eau vers les habitations et la rendre disponible sous forme de points d’accès ». L’entretien des infrastructures est pris en charge par les comités locaux de la Croix-Rouge. Rode Kruis Vlaanderen a également mis son expertise au service du projet depuis 2017, en aménageant 21 points d’eau et en réalisant deux adductions d’eau de 4,5 km et 13,5 km qui permettent d’acheminer l’eau vers les communautés. Depuis le début du programme en 2014, 18 sources ont été aménagées, et près de 80 points d’eau installés ou réhabilités.

Les points d’eau, alliés à une sensibilisation constante sur les mesures d’hygiène, ont permis une réduction significative des maladies d’origine hydrique.

Ces points d’eau, alliés à une sensibilisation constante sur les mesures d’hygiène, ont permis une réduction significative des maladies d’origine hydrique (diarrhée, paludisme, infections respiratoires aigües) au sein des communautés. « Ces maladies  touchent surtout les enfants. Or nous avons constaté une réduction de 68% des cas de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans », déclare Issa avec une pointe de fierté. Une autre mesure essentielle d’hygiène que promeut le programme est l’utilisation de latrines, dont le coût reste prohibitif pour beaucoup. La Croix-Rouge a subventionné la construction de plus de 1300 latrines pour les membres les plus vulnérables des communautés, auxquels le projet prête une attention spécifique. Mais selon Issa Sawadogo, « le nombre de latrines construites par les particuliers est encore beaucoup plus élevé. La sensibilisation porte ses fruits ».

La problématique de l’eau est également prise en compte dans sa dimension environnementale. Dans cette région où la topographie et les pluies abondantes favorisent les inondations et les glissements de terrain, des activités de sensibilisation et de formation sont organisées pour renforcer les capacités d’analyse et de réaction en cas de catastrophes naturelles. Des solutions très concrètes sont également mises en place, comme la plantation de milliers d’arbres pour freiner l’érosion des sols et réduire les risques de glissements de terrain. On estime que les volontaires de la Croix-Rouge et les communautés en plantent 100.000 par an ! En favorisant la stabilité des sols, ces plantations permettent aussi d’améliorer la disponibilité des terres agricoles. Une partie des arbres plantés sont d’ailleurs des arbres fruitiers, participant ainsi directement à l’approvisionnement et à l’économie du village.

« Notre approche est d’apporter une réponse globale pour améliorer le quotidien des populations en matière de santé, de nutrition, de gestion des risques, d’économie… », explique Issa. La création de jardins potagers est par exemple encouragée, tout comme l’élevage de petit bétail. En matière de santé, les activités vont des actions de prévention des maladies aux formations aux premier secours, en passant par la sensibilisation à la planification familiale, notamment. Le respect de l'environnement est également une priorité. Un autre aspect essentiel de cette approche est que les populations sont actrices du changement et peuvent ainsi se l’approprier de manière durable. La mobilisation de la communauté encourage aussi l’échange et la solidarité. « Les membres de la communauté se rassemblent autour des mêmes objectifs. Cela favorise la cohésion sociale dans un pays encore marqué par les divisions et contribue à créer les conditions d’une paix durable ».

Plus d’infos : https://action-internationale.croix-rouge.be/rapports/rwanda-lapproche-village-modele/